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Copa Cinema

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De la critique subjective mais juste


12 years a slave (Steve McQueen)

Publié par copa738 sur 4 Février 2014, 22:10pm

Catégories : #Films (Drame)

12 years a slave (Steve McQueen)

Synopsis : Les États-Unis, quelques années avant la guerre de Sécession, Solomon Northup, jeune homme noir originaire de l’État de New York, est enlevé et vendu comme esclave. Face à la cruauté d’un propriétaire de plantation de coton, Solomon se bat pour rester en vie et garder sa dignité.

 

Steve McQueen a beau être jeune, son talent est indéniable, en témoignent les magnifiques plans qui ornent son 12 years a slave, ''oscarisable'' au possible, plein de bons sentiments et de cruauté, mais surtout défini comme une envie pure et simple de raconter une histoire, avec le style et la manière. Ce n'est pas vraiment l'histoire des États-Unis et de la ségrégation qui est narrée (Le Majordome le faisait très bien), c'est surtout une histoire d'esclavage, intense, qui dénonce dans la globalité en se concentrant sur un cas particulier. Loin de la violence graphiquement jouissive de Django Unchained, celle de 12 years a slave est profonde, et réveille de vieux monstre, comme l'éruption d'un volcan. Le plan-séquence des coups de fouets est absolument bouleversant, chaque coup étant ressenti comme tel. Le sang qui gicle, la sueur, les visages fermés : les personnages du film sont filmés de manière péjorative ; l'être humain y est diabolisé, animalisé.

 

Car au-delà de la beauté visuelle et des performances d'acteurs ébouriffantes (Chiwetel Ejiofor est absolument génial, et Michael Fassbender, Benedict Cumberbatch ou encore Paul Dano pourraient recevoir le même compliment), 12 years a slave est avant tout une réflexion (étonnamment peu pompeuse) sur l'esclavagisme. Le but n'étant pas uniquement de dire « Regardez ces méchants négriers avec leur sale gueule, ils montrent par leur cruauté que l'esclavage est une période sombre de l'Histoire ». Non. Le film va un peu plus loin. Au lieu de dire que ce n'est pas bien, il explique d'abord pourquoi. Déjà il renforce l'injustice (Solomon est kidnappé alors qu'il n'avait rien demandé), et surtout, il offre une vision manichéenne du monde dans lequel nous viv(i)ons (ce qui, par conséquent, n'évite pas au film de tomber dans le piège de certains clichés). Tous les personnages y sont étudiés de façon précise, et sont décrits comme dénués de tout esprit humain.

 

Cette animalisation générale vient un peu contredire cette vision très classique du bien et du mal. Le gentil reste le nègre, mais à quel prix ? Doit-il perdre toute forme d'humanité (s'asseoir sur sa dignité comme le disait son ''ami'' dans le bateau, avant de s'enfuir sans se retourner) ? Accepter qu'on l'appelle par un surnom qu'il n'a pas choisi ? Laisser ses amis se faire tuer ? Obéir sans réfléchir, aller se faire fouetter sans contester ? Les négriers, eux, ont le mauvais rôle. Fassbender est tout bonnement hallucinant : à la fois fou, arrogant et puissamment immonde, il est le négrier dans ses plus gros stéréotypes (violence, cupidité, sûreté). Cumberbatch, lui, est le gentil-négrier, persuadé de faire une bonne action en ''protégeant'' des hommes qu'il a acheté comme du bétail et qu'il fait travailler sans salaire. Le film rappelle bien que le plus gentil des connards reste un connard, et veille donc à ce que l'hypothèse d'une réhabilitation des négriers soit écartée totalement. On pourrait parler des heures de ce que le film dégage. Dans le fond c'est brillant, dans la forme, c'est intéressant, mais dommage que 12 years a slave ne se résume qu'à une ou deux scènes fortes. Le reste du film a malheureusement échappé à notre mémoire.

 

En résumé, bon dans pas mal de compartiments, 12 years a slave manque de peu l'étincelle qui aurait fait de lui un très grand film.

 

3 étoiles et demi

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S
D'accord avec ta critique, mais en conclusion ça reste bien au-dessus de la moyenne. A conseiller fortement... 3/4
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M
Moi il me reste (quand même, la scène où Solomon se met à chanter, d'abord avec réticence, puis avec ardeur, est super belle), et il me restera je pense. Le résumer à seulement une ou deux scènes fortes, allons, arrête de faire du mauvais esprit :)
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