Synopsis : Russell Crowe est Noé, un homme promis à un destin exceptionnel alors qu’un déluge apocalyptique va détruire le monde. La fin du monde… n’est que le commencement.
Attendu et redouté, le Noé d'Aronofsky aurait pu être magistral, épique. La bande-annonce faisait déjà peur, le film est à son image : un grand bol avec plein de choses dedans, mais des alliances de saveurs parfois douteuses et certains aliments que l'on ne sent même pas. Pourtant, Noé est loin d'être un mauvais film. Sa réalisation est belle, certaines images sont même magnifiques, et le rythme imposé est entraînant. L'histoire est très linéaire et un peu banale (manichéenne jusqu'à l'excès), mais les 2h20 passent à une très grande vitesse. Cela témoigne d'un film bien foutu, d'une aisance narrative et d'acteurs qui tiennent leur rang. Mais à quel prix ? Comment Aronofsky a-t-il pu se permettre tant de facilités, que ce soit dans le scénario ou même la réalisation ? On aura beau s'émerveiller devant les magnifiques levés de soleil qu'il nous offre durant le film, on constatera tout de même que c'est un peu trop facile, et totalement artificiel. En fait, Noé est malheureusement un film superficiel, une œuvre biblique qui n'échappe pas au côté enfantin presque obligatoire (morales misanthropes, une berceuse avant de se coucher, rigorisme extrême et communion avec la nature).
Ce qui est dommage, bien qu'il n'y ai pas tout à jeter, c'est que le dernier film de Darren Aronofsky ressemble à tout, sauf à du Aronofsky. Les dialogues en punchline continue, les scènes d'action à l'américaine, les couleurs pastel : son cinéma réaliste a laissé place à un cinéma de grand spectacle. On a beau retrouver sa patte quelques instants, dans des scènes vertigineuses, malsaines et angoissantes (le rêve prémonitoire, les femmes échangées contre des animaux, la jeune fille piétinée), on peine à savoir s'il a changé de style ou s'il n'est tout simplement pas juste un pantin. Quoiqu'il en soit, son Noé est une semi-déception, un film qui s'apprécie sur le moment car bien construit, mais qui souffre de beaucoup de défauts. Prévisible, moralisateur, énervant (Russell Crowe et son ascétisme ainsi qu'Emma Watson et ses pleures d'enfants nous tapent vite sur les nerfs), avec de bons acteurs mais des personnages peu attachants, Noé est loin d'être le film de l'année, mais possède suffisamment de qualités pour nous faire passer un agréable moment, sans ennuie. Et c'est déjà pas mal.
En résumé, tiraillé entre offrir un film d'auteur poignant et un divertissement de qualité, Aronofsky ne sait pas trop où se mettre, et nous offre un film mi-cuit qui s'apprécie pour ses qualités, et se regrette pour ses défauts.
selenie 26/05/2014 18:24