Synopsis : Une rue anonyme dans la banlieue de Melbourne. C’est là que vit la famille Cody. Profession : criminels. L’irruption parmi eux de Joshua, un neveu éloigné, offre à la police le moyen de les infiltrer. Il ne reste plus à Joshua qu’à choisir son camp...
A la vue de pas mal de critiques de blogs et de magazines, la question qui consiste à savoir si j'ai réellement vu le même film que tous ces gens me vient rapidement en tête. Animal Kingdom, qu'on attendait comme la huitième merveille du monde, comme le meilleur film de ces dernières années demeure une œuvre silencieuse, particulière, mais au final, peu intéressante. Qu'on se le dise, le film de Michôd, c'est plutôt une atmosphère, une ambiance (censée être) pesante avec de la violence (?) et des rebondissements (?). Seulement, mis à part un final assez surprenant, rien ne semble perturber le rythme effroyablement lent de Animal Kingdom. C'est donc pendant presque 2 heures qu'on voit l'intimité d'une famille, avec la tête brulée jouée par Ben Mendelsohn (curieux parallèle avec le personnage de Christian Bale dans Fighter) et la matriarche autoritaire (vous vous rappelez de Melissa Leo ?). La métaphore de la meute de loups ou de la horde de lions se fait ressentir de nombreuses fois : les baisers sur la bouche, la famille nombreuse, etc. Mais au-delà de cette métaphore, rien ne bouge chez Michôd. Seules les dernières minutes relèvent le niveau d'un reste de film où il ne se passe presque rien et où les scènes censées apporter un peu d'émotion (entre autres, les différentes morts) s'avèrent être peu consistantes et orchestrée banalement (et le mot est faible). Mis à part le personnage principal, il n'y a aucune empathie pour les autres, sortes de figurants, qui, malgré des performances très justes, n'arrivent pas totalement à s'ancrer dans l'histoire, à trouver leur place.
Un scénario qui bat de l'aile, une réalisation banale (malgré quelques belles images) et une musique glaçante, mais c'est tout ce que Michôd a à nous montrer ? Son histoire ne se remet jamais en question et on assiste fatalement à un pâle divertissement où l'ennuie règne, ainsi que l'indifférence (les évènements, certains téléphonés, d'autres inattendus, s'avèrent être complètement inintéressants, vu qu'aucune émotion ne passe) . Voulant briller par l'originalité (le passé des ''criminels'' n'est évoqué que lors d'un bref générique), Michôd met en scène des personnages peu ordinaires, mais qui paraissent pour tout, sauf pour des criminels. Peut-être est-ce leur fébrilité, la peur, ou le fait que la famille est trop derrière eux, mais les faits sont-là : sans le pitch initial, il nous faudra du temps avant de comprendre que tous ces gens-là sont des bad guys. On aurait pu penser que le réalisateur allait faire de ces méchants, des personnages attachants, que l'on ne peut croire en prison, ou morts. Mais rien ne se passe : une sorte de grande vitre nous sépare du film, comme s'il était impossible de rentrer véritablement dans l'histoire. On reste donc là, assis sur notre fauteuil, dans l'incapacité d'éprouver quoique ce soit. Pas un frisson (et pourtant, dieu sait si la musique était prévue à cet effet), pas un sourire, pas une larme, rien, le néant, le vide, la platitude. On est littéralement poussé à l'extérieur du film, comme si Michôd avait décidé de faire ''son'' film et que nous, on n'avait pas le droit de savourer son ''petit plaisir'' avec lui. Peut-être qu'il y a une vraie réflexion qui m'échappe (comme dans Sucker Punch), peut-être que je n'ai pas perçu le côté hautement artistique de Animal Kingdom, mais lorsque qu'on nous livre un spectacle cinématographique d'une qualité de ce genre (scénario bâclé, dialogues peu inspirés, beaucoup de longueurs), comment voulez-vous que le spectateur soit envouté par ce qu'il voit, ce qu'il ressent (s'il ressent quelque chose) ?
Une chose est sûre, c'est que cette année 2011 s'annonçait croustillante, mais que la moitié des ''perles'' attendues se sont royalement vautrées (True Grit, Rango, Sucker Punch et maintenant Animal Kingdom). Heureusement qu'il y a encore des O. Russell par-ci et des Aronofsky par-là, sinon, on aurait vraiment eu un début d'année de merde... Et, malgré son côté ''chef d'œuvre attendu'', Animal Kingdom ne se rend pas compte de ce qu'il fait ressentir (c'est à dire, rien). Une demi-heure en moins, avec des scènes d'actions et de violence plus longues et mieux filmées, mais en gardant la fin, et Animal Kingdom aurait eu de la gueule. Pour un premier film, c'est déjà pas mal d'offrir ce que Michôd nous offre (une ambiance travaillée, des couleurs froides, une musique lourde), mais pour une œuvre aussi attendue, un minimum de ''spectacle'' et d'émotion auraient été les bienvenus...
En résumé, pas complètement foiré, Animal Kingdom cependant souffre par son mauvais rythme et par la faiblesse du scénario, des dialogues et dans son incapacité de provoquer de l'émotion.