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Copa Cinema

Copa Cinema

De la critique subjective mais juste


Buried (Rodrigo Cortés)

Publié le 7 Novembre 2010, 14:07pm

Catégories : #Films (Thriller)

 

Synopsis : Ouvrez les yeux. Vous êtes dans un espace clos, sous 1 tonne de terre irakienne avec 90 minutes d’oxygène et pour seule connexion vers l’extérieur un téléphone portable à moitié rechargé. Tel est le destin de Paul, entrepreneur Américain pris en otage et enfermé dans une boîte. Le temps file et chaque seconde qui passe le rapproche d’une mort certaine…

Aidé par un bouche-à-oreille monstrueux, par un buzz planétaire et par une bande-annonce – il faut le dire – scotchante, Buried du petit génie Rodrigo Cortés ne pouvait que susciter de l'engouement à la vue de sa sortie française. Échec au box-office U.S, Buried est arrivé en France en survolant les festivals, attendu en plus par une grande partie des cinéphiles. Le résultat est sans précédent : un suspense diaboliquement orchestré, une musique glaçante doublé d'une réalisation parfaite et d'une interprétation folle et fiévreuse d'un Ryan Reynolds en état de grâce, Buried c'est tout ça, avec en plus une petite larme et des frissons pendant une heure et demie non-stop sous terre, sans jamais avoir le temps (ne serai-ce qu'une micro-seconde) de respirer et de prendre l'air.

Je m'en voudrai éternellement de ne pas m'attarder sur la performance de mise en scène du génial réalisateur espagnol qu'est Rodrigo Cortés. Parce que jamais un film ne m'avais rendu si claustrophobe par une réalisation de ce type. On passe de différentes couleurs, pour évoquer la tension de renfermement. Le début est un noir glaçant, puis au passe à la couleur jaune (zippo), ensuite par du bleu (téléphone portable), du vert (bâton lumineux), blanc et rouge (lampe). L'histoire du film se base essentiellement sur la réalisation. Quelques plans larges et grossissements, et nous voilà déjà dans le bain d'un film où l'on devine rapidement qu'on passera la totalité dans ce foutu cercueil qui donne la nausée. On stress, on transpire, on a chaud pour Paul, ce pauvre civil enfermé vivant six pieds sous terre avec pour seul moyen de survie : un briquet, une lampe avec des piles à plat, un bâton lumineux, un texte, des crayons et un portable à moitié chargé. Mais que feront-nous à sa place ? Perdront-nous la raison ? Est-il nécessaire de tout faire pour s'en sortir ?

Cette dernière question suscite quelques interrogations pour ma part. Bien sur, je ferait tout ce qui est de mon possible pour m'en sortir, mais vu les atrocités de la société dans laquelle on vit, il ne serait presque pas impossible que les autorités ne lèvent pas le petit doigt pour vous sortir de là. Un million de dollars contre la vie d'un pauvre camionneur, ça vaut pas le coup. Car les quelques exemples que dévoile magnifiquement bien le film en évoquant certaines horreurs des américains (mensonges, refus de payer la rançon, entreprise de Paul qui le renvoie pour ne pas à avoir de problèmes si la ''prise en otage'' tourne mal) sont déchirants, mais cruellement vrais. Personne ne peut rien faire pour ce pauvre homme qui se démène pour s'en sortir alors qu'à la minute où il s'est retrouvé dans ce coffre, il était condamné. Même si la pratique de l'enterrement vivant est peu fréquente dans les prises d'otages, il est plutôt logique de croire que ce film évoque assez bien la réalité, à travers quelques coups de folies, de tentatives, de contacts avec le monde extérieur, etc, etc.

Il faudra retenir beaucoup de choses de ce film. Par exemple, l'humour quelque peu dissimulé du film mais certes présent (Reynolds est ironique - voir même sarcastique - dans presque toutes les conversations téléphoniques et ne se prive pas d'exprimer ses sensations dans une expression faciale prometteuse pour l'acteur. Mais également la critique aiguë d'une société qui va mal, des otages qui se répètent dans des pays à risques qui ne se comptent plus sur les doigts de la main et les pays qui se mobilisent sans jamais agir. Mais dans ce film, chaque seconde rapproche Paul d'une mort certaine, et ça donne presque la nausée. Nous pouvons aussi décrire ce chef d'œuvre comme un film composé d'une seule scène (un seul endroit, mais 1 h 30 dénuée d'ennuis où se chevauchent rebondissements et action sans que rien ne bouge). En terme de comparaison, je pourrai plus facilement rapprocher Buried à Requiem for a Dream. Pour la simple et bonne raison que la réalisation des deux films tient du génie, que les 20 dernières minutes sont insoutenables et que le traumatisme est de très grand acabit (j'ai mis une semaine à me remettre du film de Darren Aronofsky). Il faudra retenir aussi quelques détails, scènes importantes : le serpent, les conversations téléphoniques, les crises de panique de Paul, la scène finale à glacer le sang.

Vous aurez finalement compris que le film dont je vous parle est un chef d'œuvre, non pas parce qu'il est original (le thème a été abordé dans bons nombres de films comme Cube ou quelques films d'Hitchcock), mais par ce que dégage le film, dans sa réalisation et dans la diction des évènements (autant dire qu'il est fastidieux de rendre 1 h 35 dans un même lieu clos et, qui plus est, très étroit). Et pour vous le prouver, j'ai une petite anecdote tout droit sorti de mon petit cinéma de commune : les personnes dans la salle (moi y compris) pleuraient, se levaient, tremblaient, certains poussaient même des cris pendant la scène finale, preuve de la capacité que Cortés a de faire vibrer un spectateur en lui affligeant un spectacle d'une rare qualité scénaristique, mais suffocant pour le commun des mortels. Le pire dans tout cela, c'est que l'histoire du film est vraie, et que la douleur qu'exprime Paul est bien celle qu'éprouve les vrais otages. Et par-dessus ce réalisme poigant, le fait de voir cet homme, à qui on éprouve au final de la sympathie et de la pitié, mourir devant nos yeux sans que personne (que ce soit nous, dans la salle où les personnages externes du film) ne puisse rien faire. Une mort lente et particulièrement horrible, bien plus brutale que n'importe quel meutre sadique du docteur Jigsaw...

En résumé, chef d'œuvre incontesté et grande révélation de cette année 2010, Buried est fortement déconseillé aux âmes sensibles et aux claustrophobes, mais marque indéniablement l'histoire du septième art à travers un récit poignant et criant de vérité.

Ma note : 9,5/10



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C
Oui, j'avais moi aussi très peur d'un happy-end foireux. Mais ça n'a pas eu lieu, on est sauvé.
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S
Visiblement le film t'a vraiment pris aux tripes. Je suis pas sûr d'avoir vécu une expérience aussi intense que toi, mais c'est vrai que le film est un très bon exemple de suspense haletant et qui ne retombe jamais, jusqu'à un final en apothéose. D'ailleurs j'étais presque autant stressé par l'intrigue en elle-même que de savoir si Cortés et son scénariste joueraient le jeu jusqu'au bout sans nous pondre une happy end.
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G
Si, chef-d'oeuvre contesté puisque certains n'ont pas accroché, et personnellement, je n'ai pas trouvé l'atmosphère si étouffante que ça. Je suis claustrophobe, et pourtant j'ai très bien supporté le film, j'ai aimé la prestation de Ryan Reynolds, mais le scénario n'est pas toujours aussi malin que la réalisation, et on sort en ayant vu un bon film, pas un chef-d'oeuvre, ni même un grand film, pour moi.
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