Synopsis : Après avoir été en contact avec une mystérieuse substance, trois lycéens se découvrent des super-pouvoirs. La chronique de leur vie qu’ils tenaient sur les réseaux sociaux n’a désormais plus rien d’ordinaire… D’abord tentés d’utiliser leurs nouveaux pouvoirs pour jouer des tours à leurs proches, ils vont vite prendre la mesure de ce qui leur est possible. Leurs fabuleuses aptitudes les entraînent chaque jour un peu plus au-delà de tout ce qu’ils auraient pu imaginer. Leur sentiment de puissance et d’immortalité va rapidement les pousser à s’interroger sur les limites qu’ils doivent s’imposer… ou pas !
En imposant une sorte de mélange entre Cloverfield, X-Men et Super 8, le jeune réalisateur de Chronicle s'exposait à un risque majeur. En effet, les films à la première personne (en faux documentaire) sont, à la base, destinés au cinéma d'horreur, et, à l'inverse, les films de super-héros sont toujours filmés avec des plans cadrés au millimètre, avec des caméras partout et de grands plans larges. Seulement, Josh Trank utilise le scénario pour améliorer sa réalisation (les pouvoirs de télékinésie des personnages font s'envoler la caméra, pour des plans plus réussis), et c'est bien la première fois que c'est le script d'un film qui joue le rôle principal sur la façon de filmer du réalisateur. Dans cet élan d'originalité, il multiplie les prouesses techniques, faisant des pouvoirs de nos trois adolescents, un jeu ludique, sans soucis de sauver le monde ou combattre l'injustice. Ici, les héros s'éloignent du peuple, alors que Batman ou encore Spider Man se sont rapprochés des gens grâce à leurs pouvoirs. Les codes du film de super-héros sont brisés un par un, là où on pensait que Green Hornet et Kick-Ass avaient fait le plus dur à ce niveau. Chronicle, en plus d'être original, est aussi très réaliste, dans la mesure où l'identification aux personnages est rapide et tant la situation dans laquelle ils se trouvent, nous parle.
Josh Trank réussi l'essentiel en offrant une réalisation rusée, un scénario original, et des personnages attachants. Mais pour un premier film, des erreurs devaient forcement se glisser dans Chronicle. D'abord il y a cette volonté de montrer des personnages détruits par la vie (ce délicat hasard qui inflige au personnage d'Andrew : un père alcoolique et violent, une mère malade, une virginité et un manque de confiance avec les filles, de nombreuses insultes, harcèlement et violences au lycée, aucun amis, etc), ce qui a été vu, revu et re-revu des milliers de fois, surtout dans les teen-movies. Ensuite, il y a des problèmes de raccords, surtout dans la scène finale où les héros s'en prennent plein la gueule mais tiennent quand même debout. Et donc, on en vient à cette scène de fin, cette ultime baston qui surenchérit dans le visuel, avec, il est vrai, des effets spéciaux saisissants. Mais à la manière de Transformers, cette scène dure bien trop longtemps, et, malgré des combats impressionnants, se répète, sans vraiment faire progresser le film. Et ce n'est qu'après un dénouement téléphoné qu'on est soulagé que ça se termine (5 minutes de plus, et Chronicle aurait pu vraiment devenir un film désagréable).
En résumé, le jeune cinéaste Josh Trank pèche par gourmandise, mais offre un film frais, original, et donc signe une entrée fracassante à Hollywood.