Synopsis : En janvier 1905, éclate la première révolution russe, suivie le 14 juin de la révolte des marins du "Potemkine". Ce qui au départ s'annonçait comme une petite protestation d'un équipage lassé et furieux de n'avoir à manger que de la viande pourrie a dégénéré en une véritable insurrection dans le port d'Odessa.
Considéré comme l'un des tous premiers films dotés d'un montage astucieux et renversant, Potemkine est aussi une uvre complète dirigée par l'un des réalisateurs les plus sous-estimés de tous les temps. C'est aussi un film révolutionnaire, à commencer par une technique futile de l'ajout de couleurs au pochoir dans du noir et blanc. Souvenez vous... Plus récemment, des films comme Rusty James ou La Liste de Schindler ont suscités de nombreuses interrogations. Pourquoi ? Parce que ces deux films (et plein d'autres) ont un point commun avec Le Cuirassé Potemkine : ils sont tous les trois tournés en noir et blanc. Oui et après ? Ils incluent un seul élément de couleur dans leur film incolore. Le film que je critique dans cet article montre un drapeau rouge hissé en haut du mat d'un bateau, l'uvre de Coppola inclut un poisson rouge coloré et celui de Spielberg le manteau rouge d'une petite fille. A tous ceux qui croyaient que Spielberg a inventé ce procédé, je vous demande pardon de révéler cette intolérable vérité (qui n'en est pas une vu que je ne suis pas le seul à avoir sur le film d'Eisenstein). Mais Potemkine est-il réellement le premier film à utiliser ce procédé ? Pas certain, seul l'avenir (enfin, le passé) me le dira.
Sans plus attendre, voici mes quelques impressions au sujet de ce fameux cuirassé, le film violent de toute une époque, le film qui choqua les gens à sa sortie, l'un des films les plus étranges et les plus indéchiffrable de l'histoire du cinéma.
Tout d'abord, je tiens à dire à tout le monde que ce drame sur fond de révolution n'est pas une seule scène. On connait surtout Potemkine pour sa scène mythique du landau qui descends de l'escalier rempli de cadavres d'Odessa. On le connait surtout pour la violence des corps gisant sur le sol bétonné devenu rouge (enfin gris foncé à la vue des images), pour ces meurtres choquants d'enfant et de vieillards. On connait par sa cruauté, sa démarche et son montage déroutant, ses images dures et suffocantes de visages ensanglantés, de ce pas forcé des meurtriers qui pillent et saccagent la population à coups de baïonnettes et de fusils. Mais Le Cuirassé Potemkine n'est pas que ça. C'est aussi un film complet, rempli de trouvailles toutes plus explicatives que les autres. Ce n'est pas parce qu'un film brille par une scène aussi mythique que le reste n'est qu'un vaste néant (bon d'accord, le néant ne peut être vaste puisque le néant c'est rien). Si c'est le cas, alors pourquoi ne pas garder uniquement la scène de l'hélicoptère dans Apocalypse Now ou encore la causerie-beuverie des Tontons Flingueurs. Pourquoi ne pas garder que la scène de la douche dans Psychose et celle de l'attaque de l'avion dans La Mort aux Trousses. Si une scène de film devient mythique, c'est parce que les éléments du reste du film font que cet instant est abordé dans des conditions qui font de la scène un enchantement. Une organisation minutieuse est la recette d'une scène réussite, et cette organisation ne se fait pas que pendant la scène, elle se fait aussi avant et après.
Donc comme j'ai l'ai si bien expliqué, Le Cuirassé Potemkine ne joue uniquement sur une scène aussi populaire que l'escalier d'Odessa (même si j'avoue que sans cette scène, je ne serai sûrement pas là à vous rabâcher que ce film est une uvre culte), il se repose aussi sur d'autres éléments cruciaux à la réussite du film (asticots sur de la viande, visages détaillés, pas de réels personnages principaux, plans larges harmonieux, organisation de l'intrigue, scène finale pleine de suspense). Et même qui quelques passages ont un peu vieillis, on reste émerveillé devant une telle performance graphique. L'ensemble reste cependant lent et parfois incompréhensible. De toutes manières, Potemkine est un film qui inspire le respect et tant pis pour les imperfections et son rythme excessivement lent, tant pis pour toutes ces petites choses qui font que ce film n'est pas réellement un chef d'uvre, ce drame est puissant par son évolution, pour le symbole qu'il dégage et pour toutes ces choses qui ont fait que le cinéma à évolué.
En résumé, je ne considère pas vraiment ce film comme un chef d'uvre, je pense juste que c'est une expérience à vivre une fois dans sa vie et que c'est un film qui a marquer son époque et qui a permis d'embellir le cinéma, rien que pour cela, Eisenstein et Aleksandrov méritent un grand coup de chapeau.
Ma note : 6,5/10