Synopsis : Le directeur du journal Daily Sentinel se transforme la nuit en super-héros connu sous le nom de Frelon Vert. Il est secondé par Kato, l'expert en arts martiaux.
S'appuyant sur le pic de forme des films de super-héros qui traverse le monde du septième art en ce moment, sur un casting composé d'acteurs qui montent en puissance (Christoph Waltz, Jay Chou, Seth Rogen), sur des effets spéciaux déroutants et sur le commerce (parfois irritant) fructifiant de la 3D, The Green Hornet a véritablement tout pour réussir. Un démarrage un peu lent, une montée en puissance, puis une fin explosive : le dernier bijou de Michel Gondry ne s'essouffle jamais, comme si le fun et l'humour n'avaient pas de limites et que le film était doté de fabuleuses ressource pour ce qui est de l'action et des effets visuels. En l'espace de deux heures, nous avons eu le droit à une multitude de scènes époustouflantes qui s'enchainent avec une régularité des plus insolentes, ainsi qu'à de nombreux instants, plus reposants, mais qui se laissent savourer grâce à de splendides dialogues, qui font considérablement avancer le schmilblick.
On connait tous les super-héros qui ont bercés notre enfance où qui continuent à nous faire rêver. Spider-Man et ses problèmes d'égo, Batman et ses liasses de billets, Superman et sa tenue vestimentaire, Hulk et ses problèmes de sur-croissance, etc. Malgré de nombreux chef d'œuvre (la trilogie de Sam Raimi inspire le respect, et le Dark Knight de Nolan est l'un des meilleurs films de tous les temps, sans oublier les Iron Man), tous ces films, sans aucune exception, comportent un nombre incalculable de préjugés : la petite-amie, le méchant qui ne se laisse pas faire, les disputes entre amis, les moments d'intimité, l'envie de ne plus être un héros, … Mais The Green Hornet sonne le renouveau au pays de la kryptonite et des bagarres ultra-viriles au sommet des buildings tous de verre et d'acier. Ce film se sert tout bêtement de ses clichés marveliens pour donner une parodie hilarante, sans temps-morts ni arômes artificiels.
Le film avance, on a même pas envie de regarder sa montre, on regarde, on apprécie, on jubile, et on se régale. En quelques mots, cette critique peut se terminer. A savoir, The Green Hornet est un grand pichet où l'on ajoute quelques ingrédients propres aux films de super-héros, mais le tout avec une bonne cuillère à soupe d'auto-dérision, un demi-sachet de satire sociale, une cuillère à café de vulgarité. Remuez-bien le mélange et vous n'aurez pas forcement un chef d'œuvre, mais un film divertissant, si ce n'est cette fucking 3D qui vient encore faire office de grumeau dans le précieux liquide fait avec amour par les mains (en or ?) de Gondry.
Un peu de violence, de répliques qui tuent, de gadgets inventifs et sophistiqués, de quelques jolis plans visuels et un scénario en béton, voilà ce que donne au final cette adaptation de la célèbre série des années 1960. Mais là où brille The Green Hornet, c'est dans la très juste mise en évidence des personnages, la façon dont ils communiquent entre eux et leur comportement. Ainsi, on aura peut-être un peu de peine pour le personnage de Keto (enfance difficile, intelligence trop peu mise en avant), on éprouvera de la colère envers les agissements de Britt (véritable égocentrique, presque énervant parfois), on aura surtout l'impression que Cameron Diaz est là pour le décors, que le rôle joué par James Franco n'a pas été assez exploité (il n'apparait que dans l'espace d'une scène, alors qu'il joue royalement bien), et enfin, que le rôle de Christoph Waltz (excellent en méchant facile à la gâchette et un peu con sur les bords) est semblable à celui qu'il joue dans Inglourious Basterds (le film qu'il l'a fait connaître au monde entier et qui lui a valu plus de 30 récompenses), mais on s'apercevra vite que tous ces gens sont très justes dans leurs rôles, et que ça suffit à faire de ce casting une franche réussite.
L'année 2011 commence donc en fanfare avec cette comédie d'action bourrée d'adrénaline et franchement très drôle. Même si la 3D n'aura été que réussie que pour le générique (le moustique va nous foncer dessus !), on trouvera (comme tous les autres films en relief, depuis la création de la 3D) qu'elle est inutile, dispensable et superflue (ce qui veut dire la même chose, en fait). Comme on m'a dit beaucoup de bien de Kick-Ass et que c'est censé être du même style que le film de Gondry, mais en 10 fois mieux, j'ai trouvé le prochain DVD que je m'achèterai.
En résumé, un film palpitant, drôle, innovant, mais qui ne s'écarte jamais des stéréotypes des films de super-héros, mais le tout dans une ambiance apaisée et avec une bonne grosse dose de vannes parodiques sous la godasse : le frelon vert à fait mouche.
PS : Est-ce moi qui délire totalement et qui trouve des relations entre des films, là où il n'y en a pas ? Est-ce normal que j'ai trouvé dans The Green Hornet, de nombreux clins d'œils à Pulp Fiction (vous savez, ce film dont je ne peux m'empêcher de taire le nom dans chacune des conversations que j'ai, ce film que j'adule comme un dieu) ? Pour m'expliquer, j'ai retrouvé, dans les répliques du film de Gondry deux exemples flagrants qui me laissent penser qu'un hommage au film de Tarantino est bel et bien ancré dans ce film : le premier est la phrase où Christoph Waltz (acteur mis sur le devant de la scène par Tarantino himself) défend sa tenue vestimentaire en disant « Il y a plein de gens qui tuent en costumes ! » (pour ceux qui ne comprennent pas le lien évident avec Pulp Fiction, cliquez ici) ; le second indice serait le fait que le méchant (encore joué par l'acteur autrichien qui a – et vous en le savez peut-être pas – été découvert par Tarantino himself – mais je crois que je l'ai déjà dit) dit une phrase rituelle avant de tuer ses victimes (pour ceux qui ne voient pas le rapport avec le film de QT – bande d'incultes – cliquez ici). Alors, ai-je raison de m'obstiner à voir du Pulp Fiction partout, ou dois-je me rendre directement à l'hôpital psychiatrique ?