Synopsis : L'odyssée sanglante et burlesque de petits malfrats dans la jungle de Los Angeles à travers trois histoires qui s'entremêlent.
Dans un univers burlesque et déjanté d'une Amérique consommatrice, Tarantino explore les fins-fonds de la violence de petits malfrats peu ordinaires. Dans ce paradis pour les acharnés du petit écran, Tarantino fait passer dans chaque réplique subtil des personnages toute sa plus grande érudition télévisuelle et filmique. La violence y est étudiée de façon très intéressante, du sang gicle à flots mais le spectateur voit cette violence camouflée par ce jeu d'acteurs irrésistible de tous les protagonistes. Par quel rôle pourrai-je commencer ? Peut-être par le plus attachant, le plus drôle, le plus subtil. John Travolta alias Vincent Vega, tueur à gage se voyant obligé de sortir avec la copine de son patron se retrouve dans des situations comiques, son regard en dit beaucoup sur ces pensées et Travolta signe ici son meilleur film. Travolta, dans sa dégaine très distinguée forme une sorte d'alchimie parfaite avec Samuel L. Jackson, terrifiant quand il récite ses paroles bibliquesavant de buter ses cibles, drôle lorsqu'il gueule après Vincent qui vient d'exploser la tête de Marvin (ma scène préférée), touchant quand il parle calmement et sereinement de Dieu, fascinant quand il laisse la vie sauve aux deux braqueurs dans son monologue palpitant. Que dire au sujet d' Uma Thurman (Mia Wallace), dans ce rôle parfaitement taillé pour elle, une toxico passionnante et fan de télévision, possessive, cupide et capricieuse, elle se sortira indemne de son overdose grâce à la piqure d'adrénaline (scène très forte). Bruce Willis est égal à lui même, il est cool, violent, on pourrai penser que c'est une enflure, mais il décide au dernier moment de sauver Marsellus Wallace des griffes de Zed, ce policier gay qui terrorise tous les malfrats en leu infligeant une punition très explicite dans la cave de l'arrière boutique de son copain, la scène de la cave est presque insoutenable, mais le spectateur reprends vite de ses émotions qui passent du choc au rire. Comment puis-je parler du fabuleux et hilarant monologue de Christopher Walken, qui tourne autour du pot devant Butch enfant pour finalement avouer qu'il a cacher pendant deux ans une montre par ses voies anales, ce moment-là n'est qu'un exemple parmi tant d'autres des trouvailles scénaristiques et au niveau des dialogues du film. Sans parler de Winston Wolf (incarné à la perfection par Harvey Keitel à la perfection), Marsellus Wallace (joué par Ving Rhames), le couple de braqueurs (Amanda Plummer et Tim Roth),...
Après une scène d'entrée dévastatrice et vraiment impressionnante par son réalisme de cruauté, Tarantino nous plonge dans son univers particulier avec tout son génie. Réalisation soignée, nombreux longs plans séquences parfaitement maîtrisés qui marquent un réalisme encore plus prononcé, son scénario original qui mêle des destins croisés à la perfection sans jamais s'essouffler. Ce qu'il faut retenir, c'est surtout cette structure chronologique particulièrement exceptionnelle dans cette parfaite utilisation du flashforward, ça part dans tous les sens, on revient à une scène du passé alors qu'on l'a vécu quelques dizaines de minutes auparavant, on incluse des images du passé après des images du futur. Tarantino, dans son discours macho, avec ses allusions racistes et perverses semble montrer tout bêtement que ce n'est pas parce qu'on est braqueur, tueur, dealer, ou autres "métiers" mal vus qu'on ne parle pas comme les autres et qu'on a pas des dialogues communs. L'uvre du réalisateur se manifeste dans des signes très précis, on peut par exemple noter que l'évocation des pieds dans les dialogues ou dans des scènes est souvent répertoriée (discussion futile entre Jules et Vince sur les massages de pieds, Mia qui danse pieds nu chez elle,...), on peut remarquer que Travolta (Vincent Vega) se trouve un lieu de malédiction asses insolite : les toilettes (overdose de Mia, braquage du restaurant, sa propre mort). Ce sont ces petits détails qui font de ce film un chef d'uvre unique aux multiples facettes délicates à analyser. Tarantino est l'un des seuls metteurs en scène à réussir à faire rire un spectateur d'une mort atroce d'un être humain, sadique certes, mais terriblement efficace. C'est un film a prendre au second degré et plus comme un divertissement très subtil qui varie les genres pour le grand bonheur des spectateurs.
Tarantino est un éternel baratineur, il copie, pastiche, rends des hommages explicites aux films d'exploitations et de série Z. C'est peut-être ça qui me plait chez ce mec, il est prétentieux mais ne se surestime pas, il connait ces limites, il offre depuis le début de sa carrière des film similaires qui inspirent le respect. Il peut agacer, surprendre, décevoir, il reste un grand fan de cinéma qui dit avoir tout appris en restant des heures dans des magasins de DVD, s'efforçant de voir plusieurs films par jour, il reste un cinéaste plus cinéphile que n'importe qui d'autre. Il transpire de cette érudition cinématographique et s'inspire de film moyens mais arrive à remasterisé le tout pour donner des films burlesques où la violence n'est qu'accessoire purement graphique et esthétique. C'est peut-être cette érudition, ce casting parfait, ce scénario inventif qui font de ce film mon préféré que je considère d'ores et déjà comme le meilleur de tous les temps.
En résumé, Pulp Fiction est un monument, un divertissement qui déborde d'une connaissance pointilleuse de son réalisateur qui est là pour s'amuser et critiquer son pays.
Ma note : 10/10