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Copa Cinema

Copa Cinema

De la critique subjective mais juste


Shutter Island (Martin Scorcese)

Publié le 23 Mars 2010, 18:09pm

Catégories : #Films (Thriller)

Synopsis : En 1954, le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule sont envoyés enquêter sur l'île de Shutter Island, dans un hôpital psychiatrique où sont internés de dangereux criminels. L'une des patientes, Rachel Solando, a inexplicablement disparu. Comment la meurtrière a-t-elle pu sortir d'une cellule fermée de l'extérieur ? Le seul indice retrouvé dans la pièce est une feuille de papier sur laquelle on peut lire une suite de chiffres et de lettres sans signification apparente. Oeuvre cohérente d'une malade, ou cryptogramme ?

Parti au cinéma les yeux fermés, je me doutais que Shutter Island allait être un film mémorable, plein de suspense et de rebondissements, tout ce que j'aime en fait. En effet, le nouveau film de Martin Scorcese s'est avéré être bien au-delà de mes plus grandes espérances. Certes, c'est le suspense haletant du film, son intrigue sulfureuse qui nous laisse ressortir de la salle de cinéma avec la fâcheuse envie d'y retourner pour revoir tous ces petits détails qui auraient pu nous mettre sur la voie du dénouement. Oui, c'est vrai, la fin du film est improbable, même si je comprends que ceux qui avaient déjà lu le livre peuvent trouver ça moins «magique», mais comme pour moi ce n'est pas le cas, j'ai vraiment trouvé cette fin de film d'une beauté incomparable.

Comme je vous l'ai dit, c'est certainement l'intrigue digne d'Agatha Christie de l'œuvre de Scorcese qui lui donne ce côté intouchable et surprenant. Mais cette intrigue paraitrait presque stérile si la réalisation n'était pas aussi impressionnante que celle que nous propose le réalisateur de Raging Bull. On peut y trouver des plans soignés, une ambiance très malsaine et palpable jusqu'au dénouement. Derrière cette atmosphère glaciale et fiévreuse, le film est servi par un trio d'acteurs qui soignent particulièrement leur rôles. Leonardo DiCaprio fait vraiment ressortir sa paranoïa et dégage une sorte d'expression corporelle et faciale déroutante masquant ses émotions pour faire paraître beaucoup plus d'ambigüité. Ruffalo et Kingsley sont très à l'aise, ils cachent leur jeu en laissant passer quelques indices. Cherchant toujours à faire frémir son public, Scorcese réinvente les ficelles du film horrifique, il s'appuie sur des clichés de films d'horreurs classiques : bruits prononcés, jeu d'ombres menaçants, attaques surprises, craquage soudain d'allumettes,... C'est surtout le son du film, très précis et minutieusement orchestré pour faire peur et sursauter, c'est vrai que le caractère horrifique du film aura moins d'impact en DVD.

Martin Scorcese, par sa réalisation ténébreuse montre la quasi totalité de son talent qui reste pour le moment indubitable. Il joue avec les nerfs des spectateurs en incorporant des flashback déroutants, nous emmenant au fond de nos pensées les plus improbables. Des questions se posent mais sans réponse, le spectateur pressé de savoir la vérité doit patienter jusqu'à la fin. En attendant, Scorcese laisse des fausses pistes, multiplie les rebondissements contrôles avec maestria. Cette maitrise absolue du scénario délicat à portée à l'écran s'avéra être bénéfique pour le reste du film.

Je n'ai pas grand chose d'autre à dire, peut-être que c'est un film malsain qui entremêle pleins d'histoires pour qu'elle se rejoignent à la fin. Explorant ainsi l'histoire en parlant indirectement de la Seconde Guerre Mondiale, en faisant paraître du sang qui gicle dans tous les sens, jouant sur l'aspect psychologique des personnages et des spectateurs, Martin Scorcese conserve toujours son seul objectif, captiver, impressionné, horrifié peut-être, mais ne déçoit jamais même si l'exagération est présente dans certaines scènes. Shutter Island est avant tout brillant par son scénario adapté qui mêle plusieurs genres cinématographiques mais qu'aurai pu donné le film s'il avait été réalisé par Jerry Zucker et joué par Sam Worthington ? Probablement pas du tout la même chose. La fusion DiCaprio-Scorcese est vraiment efficace, on sent l'entente des deux hommes et on a l'impression qu'il sont des le début sur la même longueur d'ondes, et c'est ça la magie de ce duo prometteur qui a de l'avenir. Là où je félicite en quelques sortes les producteurs du film, c'est de ne pas être tombé dans le panneau de la 3D, mais j'ai peur que Scorcese sot peu à peu attiré par les dollars de la 3D. Va-t-il plonger dans cette soit-disant révolution cinématographique ?

Pour la fin du film (à ne pas lire si vous ne l'avez pas vu), il y a 3 hypothèses à ne pas mettre sur le banc, ces trois hypothèses sont toutes envisageables, mais seul une est réelle mais le film ne laisse paraître aucun indice flagrant qui pourrai nous mettre sur la voie : 1- Ted est bien fou et il bascule une nouvelle fois dans la folie, les docteurs n'ont pas le choix, ils doivent le lobotomiser dans le phare (dernière image du film) 2- Ted sait qu'il a bien tué sa femme et qu'il s'est fait un film, mais, voulant en finir une bonne fois pour toute, simule une nouvelle crise de folie en se remettant dans son film, il se fait alors lobotomiser et peut enfin vivre sa vie sans folie, sans mensonges et sans complications, mais sans aucun souvenirs 3- Ted n'est pas fou, il avait bien raison à propos de cette secte dans cette île qui fait alors des expériences sur les malades dans le phare (car je vous le rappelle, quand il est dans le phare et qu'il voit le docteur, il n'est pas allé en haut du phare, et c'est peut être là qu'ils font les tortures), les docteurs sont obligés de lui "laver le cerveau" afin qu'il ne dévoile pas ce secret pesant pour l'hôpital. Je penche plus sur la 2ème proposition mais cela impliquerai le fait que tous les patients de l'institut ont joué la comédie, ce qui m'étonnerai mais bon.

Là où le rêve et la réalité ne font presque plus qu'un, l'œuvre de Scorcese évoque sa grande forme du moment qui ne faudrait en aucun cas gâcher en plongeant dans un film «commercial».

En résumé, le scénario est une bombe, mais les caractéristiques de réalisation, d'interprétation et tout le reste sont gérés parfaitement pour en faire un chef d'œuvre moderne et paranoïaque.

Ma note : 9,5/10



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C
C'est vrai qu'en prenant un peu de recul : le film fait presque peur.<br /> Parce que la mise en scène rend mal à l'aise et que DiCaprio est tellement bon que le réalisme est vraiment prenant.<br /> Il y a une combinaison incalculable de propositions et pistes pour ce qui est de la fin du film. Peut-être que le livre de Lehane (c'est bien ça ?) explique plus de choses ou moins... Dans tous les cas, ce "Shutter Island" est indubitablement un chef d'oeuvre, le meilleur film de l'année avec "Inception" et je pense que l'ami Leo y est pour quelque chose...
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G
j'ai adoré le film aussi.<br /> <br /> pour moi, la fin est assez évidente (SPOILERS) : il n'y a pas d'expériences invraissemblables dans le phare, c'est juste de la paranoia (le pire, c'est qu'on y a cru, en plus, alors que c'est tout à fait invraissemblable quand on y pense)<br /> <br /> ted est bien fou, mais tellement humain aussi (c'est ça la réussite du film, comprendre complètement le personnage, en se mettant à sa place jusqu'au bout, et le choc quand on apprend que tout n'est qu'imaginé est aussi dur pour lui que pour nous)<br /> <br /> maintenant, peut-être qu'il joue la comédie à la fin en feignant de resombrer dans la folie parce qu'il croit toujours qu'il y a des choses à éclaircir, mais j'en doute (il aurait aussi pu faire semblant de réaliser qu'il était fou)<br /> <br /> ça reste ambigu car pas évident, le travail de recul est énorme (il faudrait le voir une deuxième fois), mais je pense bien qu'il y a une seule interprétation possible, et en tout cas je trouve ça génial et terrible de le voir resombrer à la fin, parce que la vie, la réalité, était trop insuportable
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