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Copa Cinema

Copa Cinema

De la critique subjective mais juste


Stanley Kubrick

Publié le 6 Janvier 2010, 17:09pm

Catégories : #Réalisateurs

Cherchant à faire de chacune de ses œuvres un délice esthétique et visuel, voulant faire de son mieux mais reniant tous les projets couteux et fastidieux, Stanley Kubrick a livré toute sa vie des film très personnels et pas forcément commerciaux. Timide, réservé, qui aurai cru que ce dieu venu d'un autre monde allait être aussi discret. Passant son enfance dans le Bronx, adulant le travail d'Ingmar Bergman, de Michelangelo Antonioni et de Federico Fellini, ayant pour idole le grand et génial Max Ophüls, Kubrick devient vite un grand photographe. Commençant sa carrière de metteur en scène à l'âge de 22 ans, il nous quitta un certain 7 mars 1999 laissant derrière lui de nombreux fans et admirateurs de cette légende du septième art. Regrettant à son dernier souffle sa lenteur à mettre en place un film, on ne regrettera rien de son œuvre qui reste la plus distinctive qui soit. Chacune de ses œuvres est un bijou subventionnelle qui envoute particulièrement le public français : tous ses longs métrages ont attirés plus de 1 millions de spectateurs lors de leur sortie. Voilà maintenant (avec l'aide utile et généreuse de Plume231) un petit récapitulatif de tous ces longs métrages.

Fear and Desire (1953) : Son premier film-essais qui sera prometteur pour Kubrick. Un film de guerre complexe qui n'a pas eu de franc succès mais qui poussa Kubrick à poursuivre son œuvre cinématographique. Doté d'un noir et blanc aveuglant et d'un twist-ending particulièrement impressionnant, Fear and Desire est une réussite mais fait aussi parti des «films jetés dans le caniveau»

Le Baiser du Tueur (1955) : Film à suspense maitrisé à la perfection par Kubrick qui lui vaudra le Léopard d'or au festival de Locarno. Une durée de 65 minutes pour une œuvre incomparable par son côté prenant et toujours filmé avec une grande délicatesse.

L'Ultime Razzia (1956) : Malgré un petit différent avec le directeur de la photographie du film, Kubrick réalise ce film plutôt réussi sans encombres. L'Ultime Razzia est aussi son premier grand succès à la fois critique et commercial, ce qui le poussa a prolongé son œuvre jusqu'à sa fin de carrière en apothéose. C'est suite à ce film qu'il fut remarqué notamment par Kirk Douglas et Marlon Brando. A travers ce film, il bouscule totalement l'équilibre chronologique d'un film de l'époque, cette forme de montage filmique inspirera Quentin Tarantino dans des films comme Reservoir Dogs ou encore Pulp Fiction.

Les Sentiers de la Gloire (1957) : Premier grand film de Stanley Kubrick, avec un acteur de grand renom : Kirk Douglas. Le film gagnera le prix Chevalier de la Barre et sera très apprécié des cinéphiles expérimentés. Cette œuvre est le mieux noté des films de Kubrick sur Allociné. Dérangeant, fascinant et haletant, un film qui plaça Kubrick dans le rangs des géants du cinéma. Dénonçant de nombreuses injustices dû à la guerre, Kubrick voit son film être censuré, il fut interdit pendant près de 18 ans en France.

Spartacus (1960) : Véritable épopée sur fond de Péplum, et aussi deuxième collaboration entre Douglas et Kubrick, il gagnera pas moins de 4 oscars. Kubrick avait repris les reines du film suite à la démission d'Anthony Mann (il s'était frité avec Kirk Douglas, également producteur). C'est peut-être pour cette raison que le film est le moins personnel de la part de Kubrick et qu'on ne sent pas vraiment le style du maitre. Le film eut un grand succès en France : 3 525 328 personnes dans les salles lors de sa sortie au cinéma. Un film couteux pour l'époque.

Lolita (1962) : Un film osé et controversé à sa sortie, Lolita est une œuvre issue d'un roman de Nabokov sur une histoire d'amour impossible et provocatrice ! Nominations aux BAFTA, Golden Globes et même aux oscars. Un film ambitieux et réussi pour Kubrick. Faisant le pari de faire un film semi érotique, semi dramatique, il signa son œuvre la plus énigmatique et sûrement la plus fascinante de sa longue carrière. 2 000 000 d'entrées pour ce film à sa sortie dans les salles en France.

Docteur Folamour (1964) : Comédie hilarante à l'humour noir presque inquiétant. Peter Sellers dans un film où il dû jouer plusieurs rôles allait marquer l'histoire du cinéma. BAFTA du meilleur film et 4 nominations aux Oscars viennent s'ajouter au succès de Docteur Folamour. 1 800 000 français ont vus ce film en salle. Faisant le pitre sur une histoire qui fâche (La Guerre Froide), Kubrick réinvente la comédie noire et surprends par son audace et sa sérénité.

2001 : L'Odyssée de l'espace (1968) : Pure merveille cinématographique, 2001 est le film qui a révolutionné le cinéma en 1968 avec ses effets spéciaux novateurs. Un film qui décoiffe, considéré comme le meilleur de Kubrick mais incompris à cause de sa lenteur exagérée et sa narration quasi-muette, il est considéré comme le film le plus impressionnant jamais réalisé. 4 nominations aux Oscars et seulement 1 statuette remportée, celle des meilleurs effets spéciaux (normal vous allez me dire), cet Oscar fut le seul gagné par Kubrick qui dans sa longue carrière gagna plus de 30 récompenses diverses. Il fut le film le plus rentable de Stanley Kubrick et attira 3 256 884 spectateurs dans les salles en France.

Orange Mécanique (1971) : Violent, dérangeant, controversé, censuré, critiqué. Un film injustement démoli par la presse et les spectateurs à cause de ses scènes parfois explicites et très déstabilisantes. Considéré comme l'une de ses plus belles œuvres, Kubrick, suite aux menaces reçues contre lui et sa famille demanda à la Warner à ce que le film soit retiré des salles en Grande-Bretagne alors qu'il rencontrait un grand succès. Orange Mécanique ressortira en salle en Grande-Bretagne seulement en 1999 après la mort de son réalisateur. Un film élu «Meilleur film de 1972» par New York Film Critics Circle. Ce fut le plus grand succès du maitre en France, en effet : 7 602 805 personnes dans les salles pour acclamer l'œuvre immortelle du Kubrick.

Barry Lyndon (1975) : Film d'une beauté visuelle implacable, Barry Lyndon est un grand spectacle historique intouchable de nos jours. Ce fut un échec commercial dans les pays anglo-saxons mais il eut un franc succès en Europe notamment en France où 3 475 185 spectateurs se réunirent dans les salles pour voir le chef-d'œuvre du maitre. Le film gagna 4 oscars et mit Kubrick sur orbite définitivement. Un film qui rencontra un grand succès dans des pays tels que le Brésil et le Japon. Pour ce film, Kubrick utilisa encore une merveille technologique tout droit sortie des bureaux de la NASA : "L'objectif Zeiss", un objectif particulièrement sensible à la lumière qui a permis au maître de filmer des scènes d'intérieurs sans éclairage artificiel.

Shining (1980) : Chef d'œuvre incontesté du cinéma d'horreur, Shining fut démolit en quelques sortes par l'auteur du roman dont s'inspire le film : Stephen King. Entre un Nicholson formidable et une Shelley Duvall au bord de la crise de nerfs (Kubrick l'avait poussé à bout pour qu'elle est l'air terrifiée à chaque prise) on trouve vite son rythme dans ce film fascinant et stressant où l'imaginaire prends place et nous fait nous pencher sur des explications non-rationnelles à propos du dénouement. 2 359 705 spectateurs en France ont accueillis ce chef d'œuvre hué par les spectateurs qui s'attendaient à avoir plus de frissons durant le film. Pour ma part, je n'ai pas eu spécialement peur, mais j'étais fasciné du début à la fin par l'ambiance glauque et les décors du film. A noté : Un tout nouveau dispositif de caméra inventé par Garrett Brown fut utilisé pour le film : la Steadicam, une caméra pouvant se déplacer à grande vitesse et donc suivre un objectif tout en gardant une image stable et net.

Full Metal Jacket (1987) : Film de guerre violent et dérangeant qui fut considéré comme le meilleur film de guerre de tous les temps. 2 321 742 français ont vu ce film à sa sortie en salles. Du grand cinéma maîtrisé avec l'art et la manière. Un film exceptionnel et séduisant qui contient des répliques encore cultes. Un film de guerre "space" et sombre dont on prend un malin plaisir à rire de toutes ces insultes et grossièretés que contient le film. Sanglant et violent, cette œuvre immortelle de Kubrick restera surement le film de guerre le plus parodié à ce jour.

Eyes Wide Shut (1999) : Un casting de rêve : Tom Cruise et Nicole Kidman dans cette ultime œuvre du maitre. Un film inquiétant et déstabilisant (comme la plupart des films de Kubrick) qui allait marqué à jamais l'homme qu'était Kubrick. Des avis partagés au niveau de la sortie définitive du film : Kubrick étant mort avant sa sortie, les médias ont pensés que le maître allait peaufiné son œuvre et c'est donc pour cela que la presse eut des avis partagés au sujet du film. Les points négatifs disent que le film manque justement d'approfondissements et qu'il aurait été mieux si Kubrick n'était pas mort. C'est le film de Kubrick le moins vu au cinéma par les français mais qui eut quand même 1 660 789 spectateurs dans les salles.


Stanley Kubrick a livré en tout 13 longs-métrages dans sa longue et lente carrière, mais il ne faut pas oublier qu'il a laissé bons nombres de projets qui s'avéraient être des chef d'œuvres à la trappe. Vous verrez par vous même, mais la plupart des projets inachevés de Kubrick sont dû à des circonstances parfois involontaires.

Napoléon : un film qui, si il avait été réalisé par Kubrick, aurait été un film à grand spectacle. Projet abandonné pour causes de moyens économiques, techniques et d'organisation. On dira longtemps que Kubrick venait de manquer de réaliser le plus grand film de tous les temps (n'exagérons rien !). On conseilla Kubrick d'arrêter pour la simple et bonne raison qu'un film portant sur le même thème que son projet fut un échec commercial : "Waterloo" de Sergueï Bondartchouf.

A.I : Intelligence Artificielle : ce film de Steven Spielberg était un projet commencé par Kubrick, mort avant le commencement du tournage, il passa le relais à son ami qui finira le film.

Aryan Papers : fut abandonné pour ne pas faire de concurrence à La liste de Schindler de son ami Steven Spielberg, le projet de Kubrick avait un thème similaire à celui du chef d'œuvre du réalisateur de Jurassik Park.

Kubrick est considéré comme le plus grand réalisateur de tous les temps. Son surnom de «maitre du cinéma» en est la preuve formelle et justificative, mais comment était-il vu des autres cinéastes et par les gens de son entourage ?

Vivian Kubrick : « Stanley était très triste d'avoir réalisé si peu de films, mais il avait un regret dans sa vie, c'était d'être si lent. »

Paul Duncan : « Une histoire qui se déroule dans un monde (intérieur ou extérieur) au bord de l'effondrement, compensée par une composition très symétrique, très ordonnée des plans et du cadrage. L'apparence, la double personnalité, les thèmes fétiches de Kubrick et que l'on retrouve dans tous ses films. En 50 ans de carrière, Kubrick va filmer ce combat intérieur, sous une perspective différente. Trois films de guerre, deux policiers, un film d'horreur, trois films de science fiction, deux fresques historiques et deux films « érotiques »

Orson Welles : « Parmi la jeune génération, Kubrick me paraît un géant »

Steven Spielberg : « Kubrick était terriblement incompris et perçu comme un reclus parce qu'il fuyait la presse. Mais il était capable de décrocher son téléphone et téléphoner à un parfait inconnu pour lui dire combien il avait été impressionné par son film. Pour ceux d'entre nous qui l'ont connu, c'était un ours en peluche, gentil et passionné. »

Jean-Luc Godard : « Kubrick est un cinéaste tape-à-l'œil qui copie froidement les travellings d'Ophüls »

Martin Scorcese : « Regarder un film de Kubrick, c'est comme regarder le sommet d'une montagne depuis la vallée. On se demande comment quelqu'un a pu monter si haut. Stanley Kubrick était l'un des seuls maîtres modernes que nous avions (...) Il était unique dans la mesure où, avec chaque nouveau film, il redéfinissait ce moyen d'expression et ses possibilités. Mais il était plus qu'un simple innovateur technique. Comme tous les visionnaires, il disait la vérité. Et on a beau s'imaginer être à l'aise avec la vérité, elle provoque toujours un choc profond quand on est obligé de la regarder en face. »

En résumé, Kubrick est un cinéaste régulier et minutieux dans chacune de ses œuvres, il arrive à trouver des plans esthétiques rarement égalables et trouve de nombreuses inspirations dans sa photographies. Incompris, il restera à jamais l'un des plus grands réalisateurs du septième art.



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E
lui c`est le meilleur, l`article est génial!
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K
Bravo. Bel article !
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