Synopsis : Un écrivain sur le déclin arrive dans une petite bourgade des Etats-Unis pour y promouvoir son dernier roman de sorcellerie. Il se fait entraîner par le shérif dans une mystérieuse histoire de meurtre dont la victime est une jeune fille du coin. Le soir même, il rencontre, en rêve, l’énigmatique fantôme d’une adolescente prénommée V. Il soupçonne un rapport entre V et le meurtre commis en ville, mais il décèle également dans cette histoire un passionnant sujet de roman qui s’offre à lui. Pour démêler cette énigme, il va devoir aller fouiller les méandres de son subconscient et découvrir que la clé du mystère est intimement liée à son histoire personnelle.
''There was no fog on the lake''. Coppola adapte son film gothique, avec du noir et blanc customisé à la Rusty James, des vampires comme dans Dracula, un personnage principal qui ressemble étrangement à Vincent Vega, un peu d'autobiographie, une fascination pour la mort, et des références à Baudelaire et à Edgar Allan Poe. Véritable œuvre symbolique synthétisant une carrière sans grandes fausses notes, ainsi qu'une vie troublée par la mort accidentelle et prématurée d'un fils, Twixt aurait pu être le film-testament de Coppola, tant la beauté des images et de chaque situation semble vouloir boucler une boucle (la notion d'une mort parfaite car magnifique dans la forme est clairement abordée dans Twixt). On assiste à une fantastique tournée (d'adieux ?) où chaque élément semble être conçu pour la beauté, la beauté seule.
Ainsi, il est clairement difficile de ne pas fondre lorsque Flamingo, jeune chef d'un clan de jeunes vampires, au maquillage dessinant une grande quantité de larmes noires sur son visage, récite dans un français parfait quelques vers de Baudelaire. Il est aussi compliqué de ne pas accrocher à cette intrigue, qui, malgré quelques zones d'ombres peu éclaircies en fin de film (le dénouement se fait presque entièrement dans le visuel, sans véritables explications), vous transporte jusqu'à la fin, laissant encore quelques mystères planer. Enfin, il est impossible de ne pas être fasciné par cet univers où le noir et blanc et la couleur ne font plus qu'un, où le fantastique, l'humour (on pense à la scène mythique où l'écrivain raté ne parvient pas à débuter son livre), l'absurde (le whisky qui change de couleurs, quelques effets spéciaux ratés) mais aussi le suspense se croisent et forment une farandole compacte, nous offrant un spectacle d'une haute qualité et d'une justesse folle. On passera plusieurs heures à retourner le film dans tous les sens, et la conclusion sera évidente : Coppola a mis dans Twixt tout ce qu'il a dans le cœur, et lorsque c'est le papa du Parrain et d'Apocalypse Now qui fait passer à l'écran ses plus profondes et obscures pensées, la mayonnaise prend immédiatement.
En résumé, Coppola, inspiré, poétique, nous livre un film complètement fou, là où la beauté l'emporte sur tout, au-delà même d'une intrigue, d'un univers et de personnages fascinants.