Une scène d'entrée banale, montrant des personnes anonymes et complètement étrangères à l'histoire faisant des choses de la vie courante (jogging dans les bois, lavage de main dans les toilettes d'une boîte de nuit, enfants qui jouent dans un terrain vague, ...). Puis, la découverte d'un cadavre par ces fameux personnages, gros plan sur le corps, arrêt sur image en noir et blanc, puis générique de début. Et quel générique : une musique vraiment entrainante, une présentation brève des acteurs, quelques images de leurs futures enquêtes et sur la ville de Washington. Après ce court mais savoureux générique, nous voilà donc dans les locaux du NCIS, avec Dinozzo (jeune charmeur mais agent compétent joué à la perfection par Michael Weatherly), Kate (saison 1 et 2) puis Ziva (de la saison 3 jusqu'à maintenant) et McGee (pro en informatique, mais assez réservé) en train de discuter de ce qu'ils ont fait du week-end, ou alors des différences entre les hommes et les femmes, ou tout simplement quelques moqueries entre collègues. A ce moment-là, il y a deux possibilités : soit Dinozzo dit du mal de Gibbs (le patron) et ce dernier est en fait juste derrière lui et s'empresse de lui coller un tape sur la tête, soit Gibbs finit la phrase d'un des personnages, en annonçant qu'il y a un cadavre de découvert.
Présenté comme ceci, NCIS peut vous sembler être une série répétitive qui ne se renouvelle jamais et qui radote sans cesse. Vous n'avez pas tort, mais la série s'est depuis un peu remise en question, a su développer ses scenarii, et s'est offert parfois, une seconde jeunesse (changement de personnages, affaires qui sortent de l'ordinaire parce qu'elles affectent un des personnages principaux, …). Ainsi, dans les premiers épisodes, un suspect était vite trouvé, l'équipe du NCIS se rendait à son domicile, enfonçaient la porte et découvraient le corps inanimé du suspect. Que ce soit un suicide ou un assassinat, toute l'intrigue était chamboulée et le suspense se maintenait jusqu'à la dernière seconde. Sauf qu'après 20 épisodes comme ça, le public devait peut-être en avoir marre. Heureusement, la série s'est renouvelée, a brusquement changée la configuration de ses épisodes et a permis le succès inattendu de NCIS, qui est l'une des séries les plus regardées du monde, aujourd'hui. Bien que les scenarii des épisodes aient changé au fil du temps, on sera obligé de se rendre à l'évidence que ce n'est pas le point fort de la série (certaines intrigues sont téléphonées, et les rebondissements prévisibles). S'il y a bien une chose qui fait le succès de NCIS : Enquêtes spéciales c'est bien ses personnages. Vous prenez les mêmes intrigues, le même concept, la même musique, les mêmes costumes, mais avec des personnages banals, votre série préférée devient plus un navet mal joué et antipathique qu'autre chose.
Bien plus qu'humoristiques, les protagonistes de NCIS sont attachants. Ainsi, la mort de Kate (alors qu'on ne l'avais vu que pendant une trentaine d'épisodes) a été un véritable choc pour les spectateurs, comme s'ils venaient de perdre un proche. De plus, tous ces personnages sont joués à la perfection. On a parlé des personnages principaux, mais les personnages secondaires sont tout de même excellents : Ducky le légiste qui parle aux cadavres qu'il ausculte ; Palmer, l'assistant du légiste qui fait des blagues macabres sur les cadavres ; Abby, la scientifique gothique un feu farfelue ainsi que les directeurs qui se succèdent. S'ils marchent aussi bien ensemble, c'est parce que les intrigues les unis d'épisodes en épisodes : ils progressent, évoluent, et on les accompagne dans tout ce qu'ils accomplissent.
Alors après, on pourra toujours critiquer le fait que tout est pris un peu trop avec humour (on a rarement autant rit devant une série policière), que les intrigues sont parfois tirées par les cheveux, que Gibbs et son équipe abattent froidement certains suspects (ce qui est un peu contradictoire avec ce qu'ils font : traquer le crime) et que le message est toujours pro-américain, mais on ne pourra jamais critiquer le fait que NCIS réunit toute la famille avec une grande maestria. Car il est de plus en plus rare de divertir et de faire réfléchir en même temps, sans lésiner sur l'humour, le suspense et un peu de violence, pourtant NCIS le réussit parfaitement. Pour ce qui est de la philosophie, on ne pourra pas non-plus être étranger au fait que cette série montre parfaitement la solitude (Gibbs, seul après la mort de sa femme et de sa fille, Dinozzo qui accumule les plans-culs sans jamais avoir une histoire sérieuse, Ziva qui ne se trouve que des mecs louches, Ducky qui vit encore avec sa mère, Abby et McGee, qui se cherchent sans jamais se trouver) de gens épanouis par leur travail. Mais il n'est pas obligé que la réussite professionnelle engendre la réussite amoureuse.