Synopsis : Josh, son épouse et leurs trois enfants vivent depuis peu dans leur nouvelle maison lorsque l’aîné tombe dans un coma inexpliqué. Étrangement, une succession de phénomènes paranormaux débute peu après. Un médium leur révèle alors que l’âme de leur fils se trouve quelque part entre la vie et la mort, dans la dimension astrale, et que les manifestations sont l'œuvre de forces maléfiques voulant s’emparer de son enveloppe corporelle. Pour le sauver, Josh va devoir lui aussi quitter son corps et s’aventurer dans l’au-delà...
Film de tous les dangers affichant clairement ses ambitions (c'est pas tous les jours qu'on a le réalisateur de Saw et les producteurs de Paranormal Activity sur le même projet), Insidious, avec une bande-annonce accrocheuse et un pitch visité, revisité et re-revisité presque tous les ans est le film d'horreur de l'année, succédant au Splice de 2010. Et malgré des critiques assez méchantes, Insidious s'avère être l'un des films les plus flippants de la décennie. Mettant un peu de temps à se mettre en route, le ''train-fantôme'' (Insidious est souvent comparé à cette fameuse attraction) se met rapidement sur les rails, accélère et ne ralenti jamais, jusqu'à un twist ending mémorable qui en aura fait chier dans son froc à plus d'un.
Connu pour son sens inné de la réalisation et de la mise en abîmes (Wan semble parfaitement maîtriser son image, faisant de n'importe quel monstre – qui aurait été ridicule dans d'autres films – de n'importe quelle silhouette, ombre, un parfait vecteur du rendu horrifique du film), James Wan parvient, en plus de faire peur, à faire passer son message. Insidious, malgré son air de ''film d'horreur de seconde partie de soirée sur TMC'', est un formidable coffre à jouet rempli de surprises (rebondissements, intrigue intéressante, grands moments de peur), et sa qualité se mesure essentiellement par le nombre de fois où tes poils se hérissent en 1h40. Et dans ce coffre à jouet, se trouve un formidable ensemble de références aux meilleurs films d'horreurs (Shining, La Maison du Diable, Paranormal Activity, etc) et une belle annonce de l'épisode 8 de la saga Saw (quoi de plus pour me faire plaisir ?). Là où la plupart des films d'épouvantes contemporains font peur en s'appuyant sur l'inventivité des meurtres et l'horreur des mises à mort (gore, sang, personnages attachants), Insidious, à la manière des Autres ou de Blair Witch, fait trembler son spectateur par la non-mort de ses personnages. Les passages horrifiques sont si fréquents et si percutants qu'on en aurait presque envie que tout le monde meurt, pour que tout ceci s'arrête définitivement. C'est donc avec un sujet peu innovant, mais avec une technique novatrice que James Wan a composé son film. Ensuite, quelques effets spéciaux par-ci, une musique stridente par-là, et le tour était joué.
On a toujours critiqué les films d'horreur de l'an 2000 pour la cruauté des actes, pour le gore et aussi le manque de créativité (notamment le bourrinage et la violence). Insidious, lui, sème la panique dans le milieu en offrant un spectacle d'une rare qualité. Qu'on la reverra en cauchemar pendant longtemps, cette vieille femme tapie dans l'ombre, guettant sa proie avidement. On est pas près d'oublier, non-plus, la formidable étude des lieux et des contrastes (dès que la nuit vient, impossible de ne pas trembler à la moindre apparition). En fait, Insidious, sans être aussi poignant que peuvent l'être certains films d'horreurs, réussi à bien nous foutre les boules, ce qui est de plus en plus difficile avec le temps (spectateurs plus jeunes, moins nombreux, et venus essentiellement pour rire). Il parvient aussi à nous tenir en haleine, grâce à un scénario certes, stéréotypé, mais étrangement bien construit en monté. Enfin, ce qui restera certainement dans les mémoires, c'est que James Wan a réussi à faire de scènes totalement banales, un véritable morceau d'épouvante (le monstre rouge qui regarde par la fenêtre en tirant la langue, décrit comme cela, peut ressembler à une scène d'une comédie Monty Python, mais chez Wan, elle demeure la scène la plus effrayante du film). Alors, avis aux amateurs réfractaires du cinéma d'horreur (hein, Gabriel), Insidious, bien que très flippant, n'est pas le nouveau Paranormal Activity, loin de là. Il s'inspire de nombreux films, mais parvient à les détourner et finalement en faire quelque chose de mieux. Alors remballez vos langues de bois et courez vite voir ce film, qui risquera fortement de vous réconcilier avec le genre...
En résumé, Insidious, train fantôme psychédélique où monstres, rêves et hallucinations viennent s'ajouter aux moments de sursauts, est bel et bien un chef d'œuvre, prenant, jubilatoire et franchement flippant.