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Copa Cinema

Copa Cinema

De la critique subjective mais juste


La Tête en Friche (Jean Becker)

Publié le 19 Juin 2010, 11:36am

Catégories : #Films (Comédie Dramatique)

 

Synopsis : Germain, 45 ans, quasi analphabète, vit sa petite vie tranquille entre ses potes de bistrot, sa copine Annette, le parc où il va compter les pigeons et le jardin potager qu'il a planté derrière sa caravane, elle-même installée au fond du jardin de sa mère, avec laquelle les rapports sont très conflictuels. Il n'a pas connu son père, sa mère s'est retrouvée enceinte de lui sans l'avoir voulu, et le lui a bien fait sentir depuis qu'il est petit, à l'école primaire son instituteur l'a vite pris en grippe, il n'a jamais été cultivé, il est resté "en friche". Un jour, au parc, il fait la connaissance de Margueritte, une très vieille dame, ancienne chercheuse en agronomie, qui a voyagé dans le monde entier et qui a passé sa vie à lire. Elle vit seule, à présent, en maison de retraite. Et elle aussi, elle compte les pigeons. Entre Germain et Margueritte va naître une vraie tendresse, une histoire d'amour " petit-filial ", et un véritable échange...

Un certain soir de Jeudi 17 Juin 2010, sentant l'orage venir, pensant qu'un vent violent tout droit venu de l'Afrique du Sud allait tout balayer sur son passage, je voulais essayer de trouver un point positif à cette soirée qui s'annonçait merdique. Et je l'ai trouvé ce point positif : je suis allé voir La Tête en Friche. Réalisé par Jean Becker, cinéaste confirmé dans le milieu cinéphile francophone qui a déjà brillé avec des films comme Les Enfants du Marais, Effroyables Jardins, Deux jours à tuer, L'été meurtrier, Un crime au Paradis, ce film de 2010 est un pur joyau qu'il faut prendre avec beaucoup de recul pour pouvoir capter tous ces effets symboliques.

La Tête en Friche est une pépite de simplicité, c'est une fresque très élogieuse de la vie dans des patelins paumés, ce film raconte à merveille qu'il est tout-à-fait possible de vivre simplement, sans Ipad, sans Blackberry tactile (pour tout vous dire, je sais même pas si ça existe), sans forcément vivre dans leur temps, ces gens apprennent à ce connaître et apportent une grande source de chaleur humaine, très utile en période de crise. Cette histoire, aussi banale quelle puisse paraître prends une grande ampleur après les dix premières minutes qui permettent de se fondre dans le décors, de s'identifier aux personnages. En effet, l'identification des protagonistes se fait très rapidement et d'une façon si décontractée qu'on pourrai croire qu'on assiste à un documentaire réaliste. Jean Becker signe une mise en scène simple, banale, mais dont le scénario si joliment construit, si poignant, si touchant fait oublier toutes les faiblesses esthétiques du film.

Bien que le film soit très soigné scénaristiquement, c'est Gérard Depardieu qui donne un réel sens à cette œuvre moderne faite «à l'ancienne». Toujours aussi calme, posé, poétique malgré lui, il brille de sa justesse et joue parfaitement les idiots bedonnants. Un coup de vin blanc, par-ci, un sandwich hyper calorique par-là, son rôle est exploité jusqu'au bout et c'est ça la force de ce personnage. Il forme une parfaite osmose avec Gisèle Casadesus, doyenne du cinéma français, elle apporte une sensation de légèreté, de finesse, comparée à une allumette dans le film, elle est fragile, sensible, mais terriblement sereine. Accompagnés de stars françaises de renoms (Maurane, Patrick Bouchitey, François-Xavier Demaison,...), nos deux personnages se cherchent, se trouvent, se découvrent. Ils forment un «couple» très énigmatique mais se complètent.

Après tout, La Tête en Friche permet de se plonger dans l'univers des livres, oubliés par toutes ces technologies modernes. On (re)découvre des chefs d'œuvres de la littérature tout en suivant une histoire tragicomique. Malgré un scénario téléphoné, l'histoire ne manque pas de rythme et est portée par de magnifiques acteurs qui méritent la considération du monde cinéphile (voir du monde entier). Mention spéciale à Depardieu, qui en plus de 40 ans de carrière revient en 2010 sous las chapeaux de roue avec deux films à succès (Mammuth et La Tête en Friche). Il faut l'avouer, si le film reste un grand moment de cinéma, il comporte quand même deux éléments anachroniques. Je voudrai juste savoir comment Germain (presque 50 ans, inculte, très enrobé) à fait pour se trouver une jolie minette de 25 ans. Je m'en fiche un peu, mais je trouve que ce couple est très symbolique, mais qu'il n'est pas forcément concordant. Tout comme la serveuse quinquagénaire (interprétée par Maurane) qui se trouve un bel algérien d'à peine 30 ans. Je sais que c'est la mode des couples avec plus de 15 ans d'écart, mais deux dans un même film ça tiens plus de l'anecdotique. Faisant rire les plus pleurnichard et pleurer les plus durs, La Tête en Friche reste un bon vieux film à la française qui inflige un immense bras d'honneur aux films de SF médiatisés où le plus important est de montrer des effets spéciaux pour impressionner la galerie.

Je suis donc ressorti du cinéma vers 20h10, la larme à l'œil, le calme avant la tempête. La suite vous la connaissez, une grosse claque, deux buts magnifiques du Mexique contre une équipe qui ne joue pas collectivement, ils sont jaloux les uns des autres et veulent tous jouer pour leur gueule. Mais dans le fond, l'équipe de France est pitoyable, ils n'en veulent pas, il faudrai peut-être arrêter tout de suite, ne pas jouer le prochain match et laisser jouer les équipes qui se sortent les doigts du cul plutôt que de voir des loubards friqués qui n'en veulent pas. « C'est regrettable de voir toutes ces boursouflures sous le crâne des joueurs français alors qu'elles seraient bien plus pratiques juste en-dessous de la ceinture ». Ces propos recueillis sur la une du journal «L'Équipe» marquent un cruel moment de vérité. Avec un scandaleux « Va te faire enc**** sale fils de p*** », Nicolas Anelka enfonce le clou, l'hémorragie est impossible à soigner, la France est en plein naufrage. Si le football français est en pleine déchéance, ce film de Jean Becker montre avec brio que le cinéma du «Pays des Droits de l'Homme» n'est pas à son apogée mais qu'il fait toujours autant rêver.

En résumé, ce film est un grand moment touchant et drôle, cette chaleur humaine constante durant la totalité du film est remarquable dans d'autres films de Becker comme Les Enfants du Marais.

Ma note : 7/10



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C
Ouais j'en ai vraiment ras-le-bol des "sapams anglais", je croyais qu'il y a avait des trucs contre ça (l'espèce de code qu'on est obligé de faire avant de poster un commentaire) mais bon, on va dire que ça fait parti des alléas de la blogosphère !
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F
Pour ma part je l'ai trouvé très en dessous des autres films de Becker. <br /> Je vois que tu es victime des spams anglais !
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