Synopsis : Jack grandit entre un père autoritaire et une mère aimante, qui lui donne foi en la vie. La naissance de ses deux frères l'oblige bientôt à partager cet amour inconditionnel, alors qu'il affronte l'individualisme forcené d'un père obsédé par la réussite de ses enfants. Jusqu'au jour où un tragique événement vient troubler cet équilibre précaire...
Œuvre née du narcissisme puant d'un metteur en scène qui a légèrement tendance à se prendre pour Kubrick (enfin, surtout par le biais des médias), The Tree of Life, film médiocre au milieu des autres films médiocres de cette année (je vous refais pas la liste) est tout ce qui se fait de plus prétentieux au cinéma. C'est magnifique, certes, mais c'est également très lent. Au bout de 20 minutes, même les belles images de Malick ne parviennent pas à faire oublier les faiblesses d'un scénario, et la banalité des dialogues... Doté d'une sorte de réflexion sur le pourquoi du comment de la vie et de la mort, The Tree of Life se perd dans sa complexité, dans son non-sens. On serait presque tenté de dire qu'il n'a finalement rien à dévoiler, que c'est juste de l'étalage visuel pour de l'étalage visuel, avec beaucoup de défauts du point du vue cinématographique.
Et si on commençait par le commencement ? Tout d'abord, il y a ce scénario, bidon, impossible à suivre, presque inabordable et sans-cesse contradictoire (la mort du jeune fils que l'on voit pourtant les scènes suivantes). Il y a aussi les acteurs, ni bons ni mauvais, mais faisant office de figurants, de pantins dirigés par Malick, mais des pantins sans visage, sans émotions. Outre le fait qu'aucune empathie ne se fait ressentir chez les personnages, oserons-nous parler du fait que les talents de Pitt et de Penn sont curieusement mal exploités ? Oserons-nous dire que la quasi-totalité des dialogues du film (soit environ une centaine de mots) semble être extraite d'un tract sectaire ? Oserons-nous au moins critiquer ces nombreuses images (superbes, certes) piquées à droite à gauche dans les archives de Ushuaia Nature et les fonds d'écrans de Windows Vista ? Oserons-nous enfin, dire que la pseudo-inventivité filmique et la puissance de cadrage et la beauté de l'image de Malick sont des plus inutiles dans The Tree of Life ? Tout est si beau, si spirituel, que ça en devient ridicule. Rien n'est naturel dans ce que met en scène Malick, rien ne semble véritablement fait pour captiver. Alors quel était son but ? Nous faire réfléchir sur ce que représente la vie, les multiples possibilités symbolisées par l'arbre dont les branches illustrent les différents chemins que l'on a, aurait dû, ou pu parcourir durant notre vie (et si le fait qu'un petit dinosaure herbivore ait été épargné par un gros carnivore fait que vous êtes là aujourd'hui ?) ? Seulement, à trop vouloir illustrer des questions, Malick n'y répond pas, laissant le spectateur con, déçu de ne pas avoir vu un semblant d'idée, un semblant de subjectivité dans le film.
Ainsi, content de sa performance visuelle, Malick arbore son œuvre, laissant au passage quelconque intérêt dans son scénario. Livrant un message pro-catholique gerbant (aime, et tu seras aimé, donne, et on te donnera, etc), il s'automutile, se décompose. Lui qui, en une petite poignée de films en 30 ans avait réussit à combler un grand ensemble de cinéphiles, attise aujourd'hui la haine de toute la plèbe mangeuse de DVD. Son dernier film, aussi beau soit-il, n'est pas à la hauteur : c'est une expérience sensorielle, un film d'exploration où tout ce qui a du sens n'en a plus du tout. Il fait du figuratif avec de l'abstrait, se noie dans quelques imbécilités (les scènes avec les dinosaures) et livre un film ambiguë, chiant, et complètement inutile. Un film à ranger directement dans la case ''inclassable''. Malick a voulut faire son 2001 en pensant que le mérite que l'on attribuait à Kubrick en 1968 lui serait également attribué. Son OVNI du cinéma, bien que très proche du film de Kubrick, reste cependant à des années-lumières de son prédécesseur. Car un film expérimental se doit de contenir un fond, une structure assez solide pour pouvoir supporter de poids des nombreuses séances où les couleurs, la lumière, et l'image prennent un sens plus artistique que purement cinématographique. C'était peine perdue avec un scénario aussi pourri, et des dialogues aussi niais. Mais que restera-t-il de ce Tree of Life ? Une intrigue aussi mystérieuse que Mulholland Drive ? Des images époustouflantes à la Avatar ? Une longue réflexion sur l'humanité tel 2001 ? Rien de tout cela, malheureusement. On en retiendra surtout le fait qu'il aura fait perdre 2h20 de leur vie à une grosse foule de cinéphiles, pressés d'en finir avec ce calvaire qu'on lui proposait. The Tree of Life, dans son incompréhensible spirale, laisse sans voix, mais pas dans le sens positif du terme.
En résumé, impossible de cerner le dernier Terrence Malick ; en revanche, ce qui est sûr, c'est qu'il foire tout ce qu'il voulait faire ressentir au spectateur, vu qu'aucune émotion n'en ressort (si ce n'est l'impatience et l'ennuie) ; à moins que Malick n'avait aucune ambition, ce qui serait surprenant, lorsque l'on sent, à travers chaque image et dialogue, la prétention de son cinéma.