Synopsis : Lorsqu’une partie de poker illégale est braquée, c’est tout le monde des bas-fonds de la pègre qui est menacé. Les caïds de la Mafia font appel à Jackie Cogan pour trouver les coupables. Mais entre des commanditaires indécis, des escrocs à la petite semaine, des assassins fatigués et ceux qui ont fomenté le coup, Cogan va avoir du mal à garder le contrôle d’une situation qui dégénère…
En faisant partie des déceptions de l'année 2012, Cogan entre également dans le cercle des films très intéressants de ces derniers temps, tant dans la forme que dans le fond. La belle composition musicale, les beaux plans, cette envie de montrer l'incompétence des Obama, McCain ou Bush, cet univers noir, violent, un peu tarantinesque : tout cela créé une sorte d'attirance.
Attirance certes, mais que vaut un film ambitieux si l'histoire n'accroche personne, si aucune empathie n'est ressentie pour les personnages, si aucune émotion ne jaillit ? Dominik a tenté de donner vie au roman L'art et la manière de George Higgins, mais sans jamais trouver son propre style. Toujours à la recherche de son propre bonheur, le réalisateur fait des essais, si bien que parfois ça passe (l'assassinat dans la voiture au feu rouge, parfaite définition visuelle de ''la mort en douceur''), et, le reste du temps, ça casse (le dialogue des deux braqueurs shootés à l'héroïne). Quel dommage, car le film a un sacré potentiel. Les couleurs parfaites, cette histoire un peu bordélique (se rapproche un peu de No country for old men, avec cette ambiance noire où on ne distingue pas le bien du mal, et sans véritables rôles principaux), tout cela est emprunté aux plus grands films, et remis dans un style personnel, adapté à l'histoire.
Pour revenir à QT, on retiendra aussi ces longs dialogues qui ne prennent pas fin. L'ennuie, c'est que le film s'enfonce dans un rythme bien trop irrégulier (les paroles qui s'éternisent sont opposées aux scènes de violence), si bien qu'il est difficile de se remettre dans le bain. Le style visuel est peu académique, et on ressent le talent du cinéaste américain, à travers chaque plan, dans le montage aussi. Mais à vouloir épater la galerie, Dominik n'entre pas dans le jeu, si bien que nous non-plus. On n'oubliera tout de même pas la silhouette d'un Brad Pitt une nouvelle fois très bon, sillonnant les rues désertes d'un village bouffé par la crise, couvert d'eau de pluie, de sang. Ce qui est clair dans nos têtes, c'est que s'il fallait garder une seule chose dans Killing the softly, ce serait sans aucun doute ce fantastique monologue final de Brad Pitt.
Un film en dent de scie donc. On pourrait presque croire que cela est volontaire : la cause principale de la violence et de la crise, serait, selon le film, à cause de la pauvreté, et donc de l'inégalité.
En résumé, voir un film très intéressant, beau visuellement, bien interprété, c'est bien, mais lorsqu'on le voit en regardant sa montre toutes les cinq minutes, c'est qu'il y a un problème quelque part.