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Copa Cinema

Copa Cinema

De la critique subjective mais juste


Requiem for a Dream (Darren Aronofsky)

Publié le 17 Juillet 2010, 14:19pm

Catégories : #Films (Drame)

 

Synopsis : Harry Goldfarb est un junkie. Il passe ses journées en compagnie de sa petite amie Marianne et son copain Tyrone. Ensemble, ils s'inventent un paradis artificiel. En quête d'une vie meilleure, le trio est entraîné dans une spirale infernale qui les enfonce toujours un peu plus dans l'angoisse et le désespoir. La mère d'Harry, Sara, souffre d'une autre forme d'addiction, la télévision. Juive, fantasque et veuve depuis des années, elle vit seule à Coney Island et nourrit dans le secret l'espoir de participer un jour à son émission préférée. Afin de satisfaire aux canons esthétiques de la télévision, elle s'astreint à un régime draconien. Un jour, elle le sait, elle passera de l'autre côté de l'écran.

Film démoralisant à souhaits, porté par un quatuor d'acteurs formidables, Requiem for a Dream est un bijou cinématographique, une longue descente aux enfers vertigineuse qui balaye en un rien de temps toutes allusions aux fait que vous pourriez consommer de la drogue. Car oui mesdames, oui messieurs, cette œuvre brutale du metteur en scène de The Fountain est (plus ou moins volontairement) un parfait remède anti-drogue. Il raconte l'histoire passionnante et troublante de quatre personnes reliées par une seule chose : l'addiction. A chacun sa drogue, à chacun son monde virtuel, à chacun son rêve d'espoir et de réussite.

Sara rêve de passer dans son émission préférée, elle ne peut plus se passer de ses médicaments (« purple in the morning, blue in the afternoon, orange in the evening and green in the night ») qui lui font perdre du poids (certes), mais qui lui font perdre son équilibre. Elle devient folle, paranoïaque, elle voit son frigidaire exploser, elle se voit dans la télévision, elle entends des sons étranges, elle a des vertiges, elle grince des dents. Harry est un petit dealer qui veut sans cesse jouer avec le feu. Accompagné de sa petite amie Marianne, ils se créent un monde meilleur, où des papillons rose et turquoises viennent se poser sur de jolie tulipes dorées. Mais ce monde parfait n'existe pas, il n'est présent qu'avec les effets nocifs de la drogue qu'ils aspirent en grande quantité chaque jour de la semaine. Il a un rêve : être un dealer de grand renom avec son pote Tyrone pour se faire un max de thune et vivre sa vie peinarde jusqu'à la mort avec des montagnes de cocaïne dans sa salle de bain en or massif. Marianne en a un aussi : créer son propre magasin de fringues où son talent de créatrice sera enfin exploité à bon escient. Tyrone, malgré son tempérament de gros costaud macho et ses allures de branleur, il reste un grand sentimental : il a une petite amie qu'il aime beaucoup et pense sans cesse à sa mère (le manque d'information à son sujet m'empêche d'avoir des conclusion hâtives et concrètes). Dans leur monde bourré de faux rêves et de trips fantasmagoriques, ils vont tous subir un pitoyable échec qui les fera chavirer tous les quatre, sans issue, sans savoir que leurs actions de drogués sont irréversibles. Place à l'horreur, place au cauchemar.

En effet, Requiem for a Dream est un cauchemar, un film hallucinogène, une bombe à retardement qui est prête à exploser à n'importe quel moment. Dans sa réalisation, Aronofsky brille de son talent de metteur en scène, il est tout simplement à deux doigts de friser le génie. Il instaure avec sa réalisation de plus en plus fébrile, composée de quelques scènes en split screen et autres effets proches à ceux que l'on peut ressentir après avoir touché à ces saloperies. Bourré de bruitages bourdonnants et exaspérants, le film trouble par sa réalisation originale et vertigineuse. On peut voir à l'écran de nombreuses scènes (qui se répètent plusieurs fois das l'histoire) accélérées pour montrer les différentes étapes qu'un dealer fait pour se shooter, le résultat est fascinant : les images de la drogue qui se mêle aux globules dans le sang de Harry, les pupilles qui grossissent, les bruitages de la coke qui sort de son sachet hermétique, tout cela est orchestré de façon à ne plus pouvoir contrôlé le schéma esthétique du film, ces accélérations démontrent avec brio que ces actions sont fréquentes et vite faites. On peut voir aussi des plans aériens, des effets de caméras qui donnent à tous les coups une sensation de claustrophobie, des plans paranoïaques, des scènes ne nudité graphiquement parfaites, un repas de régime écoulé étape par étape (au lieu de voir Sara boire son café, on voit une image de la tasse pleine pour ensuit enchainer avec une image de la tasse vide, accompagné d'un bruit d'absorption). On peut aussi voir des scènes où l'on assiste avec les protagonistes au dérèglement du cerveau : images floues, voix troublées et incompréhensives, motifs fluos qui viennent perturber l'objectif oculaire, et autres effets visuels et sonores qui donnent la nausée.

Les thèmes du film de Darren Aronofsky sont simples : il parle directement des méfaits de l'addiction aux drogues et autres médicaments miracles quotidiens. Cette mise en grade contre la drogue n'aurait pas été aussi satisfaisant et aussi prenante si les acteurs n'avaient pas été aussi bons : Jared Leto à une tête de drogué, Connelly est bouleversante et en même temps repoussante, Wayans est l'archétype du petit magouilleur qui tente de faire fortune en fréquentant des mecs un peu louches. Mais la palme revient définitivement à Ellen Burstyn, son interprétation est géniale, une grande leçon morale et de savoir-faire. Je vous le dit direct : ce n'est pas donné à tout le monde d'incarner à la perfection comme Burstyn le fait une vieille femme qui perd son innocence et la raison. Elle définie à elle toute seule l'ambiance moite et oppressante du film, elle contribue à cet aspect d'horreur présent dans toute l'histoire. Ne cherchant pas à cacher certaines scènes de sexe (qui mettent mal à l'aise), le réalisateur surprends dans sa dernière scène d'horreur où on subit une nouvelle fois devant une longue scène entrecoupée qui raconte à la perfection la décadence ultime des quatre personnages. Accompagné d'une BO particulièrement triste et éprouvante, ce moment culte de cinéma reste l'une des scènes les plus effrayantes jamais réalisée. Suite à un retour au calme mélancolique où les quatre personnes contemplent avec regrets leurs échecs, leurs mauvais choix qu'ils ont pris, leur vie ne sera plus jamais comme avant. Cet épilogue démontrant Sara métamorphosée, lobotomisée et devenue un légume anorexique; Tyrone abattu regardant avec une larme aux yeux la portrait de sa chère maman, Harry qui agonise sur son lit d'hôpital après avoir promis à Marianne de la rejoindre alors que cette dernière se replie sur elle même. Autour des images de robes qu'elle a dessiné de ses propres mains, honteuse de son petit sachet de drogue qu'elle a obtenu en se prostituant honteusement devant une bande de pervers qui ne pensent qu'à détruire des vies en imposant leurs fantasmes horripilants. Elle repose seule, son corps sale et meurtrit, elle ne pense à rien, on ne sait ce que l'avenir lui réserve, ni pour les autres d'ailleurs. Concluant son film avec une dernière image de ce qui se serait passé si les quatre avaient juste continués leur vie normalement (Harry et Marianne auraient continué à se droguer modestement, sans trafiques foireux avec leur pote Tyrone qui aurait fait de même, Sara aurait tout simplement fait un effort dan son alimentation, et elle serait passée à la télévision sans tenter de faire des conneries). Après ces derniers efforts jetés dans la batailles, nos organismes bien endommagés regardant un générique lent et sournois, nous spectateurs du dimanche, nous resterons choqués pendant une bonne partie de la nuit. Partagés entre le fait que ce film est en même temps un chef d'œuvre mais aussi une sombre histoire touchante et macabre, frôlant l'overdose d'une infime justesse. Après une douche froide refroidissant mon crâne en ébullition, chassant ainsi ces maux de têtes incessants et perpétuels, je me suis finalement résolu à me dire que cet effet produit sur moi etait le fruit d'un travail de réalisation et de scénario hors du commun. Je ne pouvais qu'ouvrir ma fenêtre et crier au chef d'œuvre.

En résumé, Requiem for a Dream est indubitablement un film culte, sa réalisation est inattendue et inventive et son scénario brutal et destructeur ont des effets très efficaces sur les corps et les têtes de simples mortels, âmes sensibles s'abstenir et gare au bad trip.

Ma note : 8,5/10



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M
Très puissant comme film en effet ! :)
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