Synopsis : En l'an 1327, dans une abbaye bénédictine, des moines disparaissent. Un franciscain, Guillaume de Baskerville aidé du jeune novice Adso von Melk mène l'enquête. C'est l'époque ou l'Église, en pleine crise, se voit disputer son pouvoir spirituel et temporel. C'est aussi l'apogée de l'inquisition. Un thriller moyenâgeux très attendu préparé avec soin pendant trois ans, respectant le mieux possible l'époque et qui a coûté la bagatelle de dix-neuf millions de dollars. C'est également un film de Jean-Jacques Annaud toujours passionnément entraîné par ses sujets.
Film baroque sanguinolent, The Name of the Rose est un film poignant qui restera longtemps dans les annales du cinéma contemporain. Pour quoi ? Car son atmosphère malsaine est tenue durant près de 2h10, sans temps-morts, sans aucune scène humoristique. Annaud reste très sérieux jusqu'au bout et c'est ça qui fait que ce film marche.
Si l'ambiance est très dérangeante, l'intrigue policière est d'autant plus jouissive qu'elle ne peut être devinée. Le suspense est maintenu jusqu'au générique, et c'est encore ce point qui justifie le succès du film. Oui, car cette enquête policière est à ce jour, la plus énigmatique qu'il m'est été donné de voir au cinéma. Tout d'abord parce que les évènements se succèdent rapidement qu'on ne peut plus suivre nos deux enquêteurs. Tout cela mêlé avec l'idylle bourrine d'Adso et de la belle brune écervelée et hérétique. Mené tambour battant, l'intrigue ne perds jamais de son élan et se conclue avec une maestria encore jamais égalée. Tous les éléments douteux découverts dans la duré du film sont expliqués furtivement mais surement. On comprends alors le pourquoi du comment, et ça fait un bien fou.
En effet, j'avoue être resté cramponné devant ma télé pendant 2h00 pour la simple et bonne raison que je ne voulais pas en perdre une miette. Jamais cet effet n'avait été produit sur moi devant un écran. Son esthétisme gothique, son ambiance pessimiste et sombre, ce sang écarlate qui peut gicler à chaque moment, ces poursuites infernales et palpitantes dans les immenses escaliers de la bibliothèque sacrée. Sean Connery (doublé en français par un certain Claude Giraud, c'est bizarre mais j'ai l'impression d'avoir déjà entendu parler de ce type) est impressionnant, passif, il ne laisse passer que de l'effroi sans jamais sourire une seule fois (enfin si, une fois, quand il rentre dans la bibliothèque), il est possédé par ce lieu romanesque et fascinant. Sa présence est synonyme de bienveillance mais son manque d'expression ne peut qu'accentuer la peur.
C'est toujours à la fin de ce film (que j'ai vu deux fois) que je ne sais pas quoi en penser, j'hésite toujours entre le chef d'uvre ou le chef d'uvre. Pour parler plus sérieusement, je ne sais jamais quoi en penser, les mots ne viennent pas, tellement la fascination des lieux, le dégout face à ces hérétiques défigurés, la peur devant ces atroces crimes me perturbent dans mon élan cinéphile. J'aurai pu trouver ça nul, trop malsain, pas assez engagé politiquement (malgré quelques efforts contre la sournoiserie des chasseurs d'hérétiques). J'aurai pu crier au scandale devant cette scène de sexe totalement superflue. J'aurai pu éteindre ma télévision après avoir vu ces scènes sanglantes. Tout ce la je ne l'ai pas fait, car le jour où j'ai vu ce film pour la première fois, j'étais tétanisé, je ne répondais plus, je ne réagissais plus au moindre mouvement. J'étais absorbé par autant de beauté visuelle et esthétique. J'étais submergé par cette musique moyenâgeuse retentissant comme une légère brise d'automne. La neige immaculée reflétant un soleil timide derrière des nuages sombres qui fondent sur cette abbaye si énigmatique ne pouvait que me faire rêver. Depuis ce fameux jour, je reste encorde traumatisé de cette expérience inédite qui me fit apprécier le cinéma visuel. Jamais une intrigue ne m'avait autant fait stresser et penser.
Ce film fait réfléchir, et c'est seulement en repartant de la salle qu'on a envie de revoir l'uvre de Jean-Jacques Annaud pour décortiquer tous les éléments qui auraient pu permettre de découvrir la vérité avant les deux protagonistes. Cette sensation m'est revenu plus d'un an après, quand j'ai vu au cinéma Shutter Island. La même sensation au fond de la gorge, un goût amer et acidulé restant pendant des heures. Ces deux film sont de purs bijoux scénaristiques (tous les deux sont des adaptations de roman), ils resteront dans le patrimoine du film ambiguë et malsain. Pour finir, je tiens à dire que Le Nom de la Rose est un film qui continuera à me hanter toutes mes nuits, c'est l'un de mes chef d'uvre favoris, il restera l'expérience la plus palpitante que j'ai pu avoir devant mon écran de télévision.
En résumé, que dire de ce film culte du metteur en scène de Stalingrad, une intrigue obsessionnelle et une reconstitution historique à couper le souffle, Le Nom de la Rose est indubitablement un chef d'uvre.
Ma note : 9.5/10